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26 mai de l’an 1319 et le jour de la Pentecôte, dans cette riante vallée que dominent les terrasses d’Assise, cinq mille hommes étaient campés sous des nattes ou des abris de feuillage. Ils avaient la terre pour lit, une pierre pour chevet, un sac pour vêtement ; on les voyait réunis par groupes de quarante, de quatre-vingts, s’entretenant de Dieu, priant, psalmodiant, mais tout rayonnants de joie. Leur émotion gagnait la foule du peuple et des gentilshommes venus des villes voisines pour admirer un spectacle si nouveau. « Vraiment, disaient-ils, c’est ici le camp de Dieu et le rendez-vous de ses chevaliers. » C’était en effet le chapitre général des Frères Mineurs, tenu par saint François. Les chants n’y manquaient pas. Nous savons d’ailleurs quel rayon de poésie échauffait le saint homme qui avait convoqué l’assemblée, qui en était l’âme, qui n’avait qu’à souffler sur elle pour l’embraser de son feu. Les chapitres généraux se renouvelèrent d’abord chaque année, plus tard tous les trois ans ; et, quand saint François eut passé à une vie meilleure, son esprit continua de présider à ces fêtes de la pauvreté, à ces cours de l’amour divin, où il trouvait une foule émue, des imaginations libres des soucis de la terre, en un mot tout ce dont l’inspiration poétique a besoin pour s’étendre et se propager[1].

  1. S. Bonaventure. Legenda S. Francisci, cap. IV. Wadding, Annal., ad ann. 1219. Fioretti di S. Francesco, cap. XVIII : « Del