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population gallo-romaine qui enveloppe et contient les Francs. Mais l’épiscopat devait rencontrer plus de résistance en Austrasie : dissémine dans des villes moins nombreuses, moins latines, il avait aussi moins d’action sur les bandes errantes d’une population toute germanique. Cependant l’Austrasie, au sixième siècle, compta de grands évêques Sidonius de Mayence, Carentinus de Cologne, Agricole de Châlons, Egidius de Reims, Villicus de Metz, Agéric de Verdun. On les voit appliqués à réparer les désastres des invasions, à racheter les captifs, à nourrir les pauvres, à relever les esprits de leur abattement et les églises de leurs ruines. Aux descriptions qui nous en restent, ces églises avec leur nef portée sur deux rangs de colonnes superposées, avec leur abside resplendissante d’or et de mosaïques, semblent reproduire le type consacré des basiliques romaines ; comme les pontifes qui les bâtissaient, presque tous fils de sénateurs, élevés à l’école des rhéteurs et des grammairiens, semblent plus occupés de sauver les restes de la civilisation que d’aller au-devant de la barbarie[1].

  1. Gregor. Turonensis, III, 35 ; V, 46 ; VIII, 5. Fortunat , lib II 10 ; lib.III, 9, 10, 11, 16, 17, 26

    Aurea templa novas pretioso fulta decore
    Tu nites : unde Dei fulget honore domus
    Majoris numeri quo templa capacia constent.
    Alter in excelso pendulus ordo datur.

    Les deux ordres de colonnes superposées se voient encore aujourd’hui dans les basiliques romaines de Sainte Agnès et des Quatre Saints-Couronnés.