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la tâche plus rude, comme on aime chez les enfants ces caractères fougueux dont on connaît les ressources. Dans la résistance elle sentit la force ; elle comprit que cette énergie, domptée par une savante discipline, mais non pas éteinte, deviendrait capable de tout ce qui est grand. Dès lors ce fut sur les Francs d’Austrasie qu’elle compta pour la défense et l’accroissement de la société chrétienne. Mais il fallait d’abord les y faire entrer[1]. Une tâche si difficile voulait le concours de deux puissances, l’épiscopat et le monachisme.

L'épiscopat d'Austrasie

La conversion de l’empire romain avait été l’ouvrage de l’épiscopat. Les évéques, ces magistrats religieux, attachés aux villes où ils avaient leur siège, leur tribunal, et au-dessous d’eux les sept ordres de la hiérarchie ecclésiastique, convenaient en effet à une société régulière qui finit par les recevoir dans ses rangs, par leur donner une autorité civile, et par les entourer d’un appareil semblable à celui des préteurs et des proconsuls. Après la chute de l’empire, l’épiscopat conserva le caractère officiel qu’il tenait des lois impériales ; il traita de puissance à puissance avec les chefs barbares : c’est le rôle de saint Remy auprès de Clovis, de saint Avitus auprès de Gondebaut. C’est surtout celui des évêques de Neustrie ; ils trouvent des appuis dans les cités dont ils sont les défenseurs, dans la

  1. Indiculus superstitionum ad concilium Liptinense, Pertz, Monument. III, p 9. Gregor Turon.IX, 12, 23