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disposition des lois. Des règles si nouvelles pour les vainqueurs, si oubliées chez les vaincus, annonçaient une ère de justice et de sécurité qui sembla a s’ouvrir avec le règne de Dagobert ler. Ses armes étaient victorieuses : les coutumes diverses des peuples qu’il gouvernait, traduites en langue latine et corrigées par ses ordres, fondaient les premières législations modernes ; et quand les ambassadeurs étrangers l’avaient admiré dans la splendeur de sa cour, que Pépin de Landen, saint Arnoul, saint Ouen, éclairaient de leurs conseils et que saint Éloi ornait de ses ouvrages, ils publiaient qu’ils avaient vu le Salomon du Nord[1].

Espérances

de

l'église.

Jamais le clergé des Gaules ne fut plus près de réaliser cet idéal d’une royauté religieuse et biblique qu’il s’était proposé de mettre sur le trône des Francs. C’est la pensée commune de tous ceux qui continuent la politique d’Avitus et de saint Rémi, de tous ces courageux évêques du sixième siècle, Injuriosus et Grégoire de Tours, Prétextat de Rouen, Germain de Paris ; c’est le dessein qui les attire au palais de Neustrie, comme autrefois les prophètes chez les rois d’Israël. Tous les historiens l’ont remarqué, mais nulle part ce dessein ne se montre avec plus de sincérité et de grandeur que dans un document récemment découvert, et qui semble une instruction rédigée pour le fils de Dagobert, pour

  1. Mansi Concilia, X, 543. Pertz, III, 14. -Gesta Dagoberti. Fredegar. Chronic. 56.