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Le christianisme à la suite des armées romaines.

Il reste à savoir d’où vint pour les peuples du Nord cette prédication dont saint Irénée constate l’orthodoxie et l’uniformité. En présence du grand spectacle de la conquête qui porta, non-seulement les armes des Romains, mais leurs lois, leurs mœurs et leurs écoles, sur les bords du Rhin et du Danube, on ne s’étonne pas que ces contrées aient reçu du même lieu la foi et la civilisation, et que les évêques de Rome y aient envoyé des missionnaires, quand les légions mêlées de chrétiens y amenaient des croyants et des martyrs. Dès le commencement du cinquième siècle, dans un temps où les souvenirs étaient encore si récents et si sacrés, le pape Innocent Ier affirmait « qu’il n’y avait pas d’Église, en Italie et dans les Gaules, qui n’eût pour fondateur un évêque institué par saint Pierre ou par ses successeurs ; » on comprenait alors dans les provinces d’ItaIie la Rhétie et le Norique, et dans celles de la Gaule les deux Germanies. Mais l’épiscopat, qui imitait les circonscriptions de l’empire, qui en emprunta les divisions par provinces et par diocèses, en franchit bientôt les frontières. L’historien Sozomène, frappé de la prompte conversion de plusieurs peuples germaniques, l’explique par le sort de la guerre, qui fit tomber dans leurs mains des évêques, des prêtres captifs. Il montre ces serviteurs de Dieu étonnant leurs maîtres par une vie sainte, guérissant les malades, enchaînant à leurs discours les tribus entières, qui venaient leur demander ce