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rent des évêques dans les conseils, et le nom de la sainte Trinité à la tête des capitulaires : Les guerres prirent un caractère nouveau, et devinrent des guerres de religion. Ne nous effrayons pas ’de ce mot comme d’une autre sorte de barbarie réservée aux nations chrétiennes : au contraire, il marque le commencement d’un état meilleur, où la pensée disposera de la force. Lorsque, rassemblant ses soldats, Clovis leur déclare qu’il supporte avec chagrin que les ariens possèdent la moitié des Gaules, et qu’ensuite, fondant sur les Visigoths, il réduit leurs provinces en sa puissance, alors, assurément, il est permis de révoquer en doute le désintéressement du roi mais on reconnaît la foi de la multitude et le premier réveil de la conscience chez ce peuple, à qui il ne suffit plus de promettre le prix ordinaire des combats, l’or, la terre et les belles captives. Toute cette conquête de l’Aquitaine s’annonce comme une guerre sainte. Les envoyés du roi, venus au tombeau de saint Martin de Tours pour y recueillir quelque présage de la victoire, entendent chanter, à leur entrée dans la basilique, ce psaume de David : « Seigneur, vous m’avez ceint de courage pour les batailles; vous avez mis mes ennemis sous mes pieds.  » Une biche merveilleuse montre aux Francs le gué du fleuve, et, Clovis étant campé devant Poitiers, un météore flamboyant se balance sur le pavillon royal. Plus tard, l’invasion de la Bourgogne se colore des mêmes