il lui propose des difficultés de grammaire, d’arithmétique, d’astronomie. Il parle le latin aussi éloquemment que sa langue maternelle ; il entend assez le grec pour corriger la version latine des Évangiles sur l’original. Il intervient dans la controverse de l’adoptianisme, et demande à ses évêques des traités théologiques~ qu’il fait recommencer s’ils ne le satisfont pas. Ce sont les occupations, non d’un sophiste couronné, inaccessible aux affaires comme les empereurs de Constantinople, mais du plus actif des hommes, qui mit fin à cinquante-trois expéditions militaires, et qui chaque année tenait en personne ses plaids généraux. Ne nous étonnons plus s’il dispute les heures avec opiniâtreté, si, pendant le repas, il se fait lire l’histoire ancienne, ou la Cité de Dieu de saint Augustin, s’il se réveille la nuit pour s’exercer à tracer de beaux caractères. Et cependant, après tant d’efforts, au milieu des Italiens, des Irlandais, des Anglo-Saxons dont il a rempli son palais, l’idéal d’une science plus parfaite le poursuit, le désole, et lui arrache ce cri de naïve impatience : « Plût à Dieu que j’eusse seulement douze clers comme saint Augustin et saint Jérôme[1]».
- ↑ Éginhard, 24, 25 (Hist. litt., t. III, chap.II). Monachus Sangallensis, I, 9. M. Ampère a parfaitement établi que les paroles d’Éginhard « Tentabat et scribere, » signifient, non que Charles ne sùt point écrire, mais qu’il s’exerçait à l’art des calligraphes, alors si cultivé dans les monastères. Nous n’avons pas parlé des poésies latines de Charlemagne, parce qu’elles peuvent avoir été composées en son nom par les lettrés de sa cour.