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les clartés naissantes du génie anglo-saxon. Pendant que le vénérable Bède recueille dans sa cellule de Jarrow toutes les sciences de l’antiquité, l’archevêque Egbert, son ami, les introduit dans l’école épiscopale d’York, pour leur donner tout l’éclat de l’enseignement public. L’école d’York, enrichie des dépouilles de Rome, rangeait dans sa bibliothèque, non-seulement les écrits des Pères et des docteurs, mais ceux des philosophes et des poètes païens on y trouvait Aristote, Cicéron, Pline, Virgile, Stace et Lucain ; les manuscrits grecs et hébreux n’y manquaient pas. Dans cette ville d’argile et de bois, perdue aux dernières extrémités du Nord, on retrouvait tout l’enseignement romain avec ses trois degrés, la grammaire, l’éloquence et le droit. On y ajoutait le comput, l’astronomie, et ce que les anciens avaient su d’histoire naturelle. Au terme de ces longues études, s’ouvrait le sanctuaire de la théologie, et les deux Testaments laissaient pénétrer le sens de leurs oracles. Voilà pourquoi ceux qui aspiraient, à la perfection dans les lettres sacrées et profanes accouraient.à York, non-seulement de toute l’Angleterre, mais des côtes de Flandre et de Frise ; et c’est là que saint Liudger, dans sa jeunesse, entendit les leçons d’Alcuin. Mais il fallait qu’un enseignement si estimé trouvât une chaire plus digne de lui, et que la lumière fût mise sur le chandelier[1] .

  1. Vita Alchuini, auctore anonyme. Dans l’édition d’Alcuin par