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divinité du Christ, en le déclarant fils de Dieu par adoption, non par nature. Les orthodoxes eurent horreur de ces nouveautés, ils en condamnèrent les auteurs sous le nom d’adoptianistes ; une dispute ardente s’engagea, etle feu dont elle embrasa l’Espagne passa bientôt les Pyrénées.

Un jour que Charlemagne était assis au milieu des évêques, dans une salle du palais, il fit lire les lettres qu’Elipand de Tolède venait d’adresser au roi et au clergé des Francs pour les gagner a sa doctrine ; puis, se levant de son siège, il parla longuement, et conclut en demandant aux évêques et aux théologiens leur opinion par écrit. Paulin d’Aquilée, Alcuin, plusieurs autres dont les noms ne sont pas arrivés jusqu’à nous, écrivirent contre l’erreur des adoptianistes ; et, en 794, le concile de Francfort la condamna au nom de tout l’Occident. Cette assemblée, présidée par deux légats du pape, où parurent les évêques de Gaule, de Germanie et d’Aquitaine ; les députés du clergé d’Italie et d’Angleterre, rappela les controverses de Nicée et d’Éphèse. L’Église des Francs retrouvait une de ces questions de métaphysique religieuse que depuis trois siècles elle n’entendait plus agiter, et qui devaient désormais tenir l’esprit humain en haleine. La théologie avait repris les armes : elle ne les quitta plus. Les disputes de l’Espagne rendaient aux écoles carlovingiennes le service le plus grand qu’on puisse rendre aux puissances naissantes, de