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nier la barbarie du sixième, du septième, du huitième siècle. Tout ce que les historiens rapportent de cet âge violent, des crimes qui l’ensanglantèrent, des désordres qui menacèrent le monde d’une nuit éternelle, il faut le croire bien plus, il y faut ajouter. Jamais leurs récits ne purent atteindre tout ce qu’il y eut de tyrannies ignorées, de spoliations impunies, de ruines sans vengeurs, d’un bout à l’autre de ces riches provinces de l’empire, livrées à des peuples qui mettaient le droit dans la force. Mais, si l’on doit croire les historiens, quand ils affirment, parce qu’on trouve en eux des témoins graves et compétents, il est permis de douter quand ils nient, et quand ils déclarent que les lettres ne sont plus. Il est permis de douter, parce qu’un témoignage négatif ne prouve point ; parce que ces hommes sincères, mais mal servis, purent beaucoup ignorer ; parce qu’enfin il y a des juges sévères ~qu’il ne faut jamais prendre au mot lorsqu’ils parlent d’eux-mêmes et de leur temps. En présence de tant de déchirements et de tant de crimes, Grégoire de Tours, Frédégaire et ses continuateurs, avaient autre chose à faire que d’étudier une à une les humbles écoles de la Gaule, de l’Irlande et de l’Angleterre excusons-les, lorsque les nuages étaient si sombres, d’avoir désespéré de la lumière, et d’avoir pris la tempête pour la nuit.