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dédaigné les subtiles distinctions des douze latinités, et, écartant la foule de ces modernes parés de noms classiques, c’était aux anciens qu’il avait demandé des leçons. Il avait appris des Pères de l’Église à porter la lumière dans les obscurités de la Bible, dont il composa un commentaire complet. En même temps, il ne se contentait pas d’écrire des traités d’Orthographe, de Métrique, de Comput, où il faisait preuve d’une lecture immense et d’une excellente critique ; il sortait des limites ordinaires de l’enseignement, il dépassait les anciens, et portait dans la science une nouveauté de vues qui est déjà d’un moderne. C’est ainsi que son traité de la Nature des choses, en résumant la cosmographie de Pline et de Ptolémée, écarte les rêveries des astrologues, et que ses conjectures sur la cause des marées semblent devancer Newton. C’est ainsi que, dans ses deux livres des Figures et des Tropes de l’Écriture sainte, il trace l’ébauche d’une rhétorique sacrée, et retrouve chez les prophètes tous ces ornements du langage dont les Grecs s’étaient dits les inventeurs. Mais c’est surtout le caractère de son Histoire ecclésiastique de la nation anglaise. En ne promettant que l’histoire de l’Église, il fait celle des rois et des peuples. Au scrupule qu’il porte dans le choix des témoignages et des documents, il ne semble chercher que la vérité et cependant il trouve la poésie dans ces récits naïfs, où respire tout le génie d’une nation jeune, guerrière et chré--