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Bède et l’arithmétique de Boëce. Plus tard, un évêque d’Irlande, appelé Marx, et son neveu Moengall, revenant de visiter les saints lieux de Rome, s’arrêtent aux portes de Saint-Gall, congédient leurs serviteurs avec leur chevaux, et, ne gardant que les vases sacrés et les livres, font vœu d’achever leurs jours dans la solitude. Moengall, chargé de l’école du cloître, y porte les habitudes savantes de sa patrie : la langue grecque s’introduit dans l’enseignement les hymnes de Saint-Gall, comme celles de Bangor, se hérissent d’héllénismes ; les discussions grammaticales sont poussées à un degré de subtilité que les docteurs aquitains ne désavoueraient pas. Mais, en même temps, la passion des études saines, et l’inspiration véritable, se font jour chez les disciples de Moengall. C’est Ratpert le poëte, si fidèle à ses livres, qu’il n’usait qu’une paire de chaussures chaque année, et si épris des anciens, qu’il opinait au chapitre en vers de Virgile. C’est le théologien Notker, auteur d’un traité sur les commentateurs de la Bible, qui atteste une lecture immense, et rival d’Horace au jugement des contemporains, pour la beauté de ses chants populaires et de ses séquences. C’est Totilo, musicien, peintre, ciseleur, qui ravissait tous les cœurs quand il exécutait sur la harpe des chants de sa composition. Toutes les églises de la France orientale se disputaient ses ouvrages. Tandis qu’il ciselait une Vierge pour la cathédrale de Metz, on