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saient les terres, les légions, les dignités de l’empire. Il semble que le christianisme, en s’assurant ainsi des héritiers présomptifs de la puissance romaine, avait pris enfin des garanties suffisantes, et que l’avenir ne pouvait lui échapper. Mais l’erreur devait encore le lui disputer longtemps[1] .

Ravages

de l'invasion.

Légende

de

sainte Ursule

Quand Radagaise,en 406, se précipita sur l’Italie à la tête d’une multitude innombrable qui alla périr misérablement dans les montagnes de la Toscane, ce ne fut pas, comme on l’a cru, l’emportement furieux d’un barbare, ce fut la résolution concertée de plusieurs peuples toute la Germanie était derrière lui, et pensait à ce coup en finir avec Rome. A la nouvelle du désastre de leur chef, les Suèves, les Alains et les Vandales, qui les suivaient de loin, tournèrent vers le Rhin, forcèrent le passage, et se répandirent sur la rive gauche, brûlant les villes, réduisant les citoyens en esclavage : au pillage des basiliques on reconnaît encore le plus grand nombre des conquérants pour des idolâtres. Une bande s’empara de Mayence, surprit les chrétiens rassemblés dans l’église au nombre de plusieurs milliers, et les passa au fil de l’épée. Jamais peut-être le paganisme ne parut plus près de venger ses

  1. Baronius, ad ann. 396. Saint Paulin, epist. 28, ad Vitricium Rothomagensem. Vita S.Ambrosii : auctore Paulino. Arbogastes... cum in convivio a regibus gentis suae interrogaretur utrum sciret Ambrosium, et respondisset nosse se virum et diligi ab eo, atque fréquenter cum illo convivari solitum, audivit : « Inde hoc vincis omnes, quia ab illo viro diligeris qui dicit soli : Sta, et stat. »