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de son origine par sa haine des Francs et sa haine des papes : c’est ainsi qu’elle devait arriver à cette inévitable ruine réservée aux peuples qui furent, les obstacles de la civilisation, au lieu d’en être les instruments[1] (1)

La prédication chrétienne n’avait plus qu’à tenter un dernier effort du côté de l’Occident : c’était par là, par ces Églises du Rhin, si inférieures a celles de Grèce et d’Italie en lumières, en richesse, en puissance, que la foi devait pousser-ses entreprises les plus hardies, pénétrer au delà des fleuves qui avaient arrêté les Romains, cerner la Germanie, et n’y plus laisser une forêt où le paganisme pût cacher ses mystères.

Là aussi, l’apostolat n’avait pas attendu la victoire des barbares pour aller au-devant d’eux. Dès l’an 396, Victricius, évêque de Rouen, prêchait sur les bords de l’Escaut, dans le voisinage de ces farouches tribus des Frisons qui, trois siècles plus tard, devaient faire encoredes martyrs. SaintPaulin de Nole écrit à Victricius ; il le félicite d’avoir ouvert au Christ la terré des Morini, reléguée aux dernières extrémités de l’univers, battue des flots d’un océan barbare. Au lieu des bandes ennemies qui infestaient les forêts et les plages désertes,

  1. ’Le Norique après la mort de saint Severin, translation de ses reliques, Vit. ap. Bolland., cap. XII.–Les Lombards, Paul diacre, I Saint Grégoire, Dialog.III, 22, 27, Acta SS., Febr.3. Vita S. Barbati.