Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/491

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de connaître, elle t’est encore plus du besoin d’ignorer[1] .

Ainsi, au commencement du septième siècle, au moment où l’on a coutume de croire qu’i) n’y a plus d’enseignement littéraire, nous en trouvons deux d’un côte, ce qui reste des lettres classiques, la grammaire, l’éloquence et le droit, professés dans les écoles où s’achève l’éducation des nobles, des évêques, et de toute cette société chantée par le poète Fortunat ; de l’autre côté, la doctrine du faux Virgile et de ses maîtres, qui croit sauver les traditions littéraires en les cachant, qui les étoufferait si elle réussissait dans son dessein, mais qui n’arrive qu’à leur donner la forme la plus propre à fixer le respect, la curiosité, la docilité des peuples nouveaux. Nous avons fixé l’époque de cette école. Nous commençons à pressentir sa mission, la suite achèvera de l’éclaircir, et nous reconnaîtrons que la Providence a traité les lettres aux temps

  1. Sur les habitudes poétiques des Scandinaves, voyez les Germains avant le christianisme, chap. v. L’allitération, c’est-à-dire la répétition des mêmes initiales, parait dans l’énigme de Virgile citée ci-dessus : « Natum naturo naturam nataturus. » En ce qui touche les Irlandais et les Anglo-Saxons, on trouvera les textes indiques et cités dans la suite de ce chapitre. Le premier volume de l’archéologie de Myvyr contient de nombreux fragments poétiques, où l’on voit l’effort des bardes gallois pour s’envelopper d’obscurités. Si j’appelle l’école du faux Virgile, école de Toulouse, école d’Aquitaine, c’est pour abréger, et sans prétendre qu’elle fut resserrée dans les limites d’une seule province. Au contraire, on a tout lieu de croire qu’elle venait de plus loin, et qu’elle s’étendit dans tout l’Occident.