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fermés les anciens grammairiens ne pouvaient plus contenir l’ambition de leurs successeurs. Las de relire et d’interpréter sans fin les écrivains classiques; ne trouvant plus un vers de l’Enéide qui ne fût chargé de commentaires ; poussés d’ailleurs par ce besoin d’innover qui poursuit l’esprit humain, ils en étaient venus à se créer pour eux seuls, et pour leurs disciples favoris, un autre idiome et une autre littérature. Ils en donnaient trois raisons : Ils se proposaient d’abord d’exercer la sagacité des élevés ensuite de prêter à l’éloquence un ornement de plus enfin de ne point livrer aux profanes les connaissances réservées au petit nombre des adeptes, selon cette maxime antique « Ne jetez point les perles aux pourceaux. Et en effet. ajoutaient-ils, si ces sortes de gens éventaient notre science, non-seulement ils traiteraient sans pitié le peuple des campagnes, ils n’auraient, pour nous ni honneur ni respect ; mais, à la manière des pourceaux, ils se jetteraient sur ceux qui auraient voulu les parer. Voilà pourquoi Virgile l’Asiatique avait distingué douze sortes de latinité. La première était la langue de tous, vulgaris. Il avait appelé la seconde assena, désignant ainsi le langage abrégé, sténographique des notaires qui faisaient profession de recueillir les actes publics. La troisième, semedia, tenait de l’idiome vulgaire et de l’idiome savant. La quatrième, numeria, altérait les noms de nombre