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et de dire à Chiipéric que, l’égal des rois par la puissance, il pouvait devenir plus qu'eux par le savoir[1]. En gagnant le prince, Fortunat assurait aux lettres la faveur des grands. Ses correspondances poétiques vont trouver dans les camps Chrodinus, Bodegisel, Faramond, Bérulf, tous les Germains d’origine;Magnulf, qu'il loue de son grand savoir en jurisprudence ; Gogo, dont il compare l’éloquence à la lyre d’Orphée, et dont tous les discours sont des rayons de miel. A leur tour, les barbares, jaloux de se perfectionner dans les lettres latines, consultent le savant maître qui leur est venu d’Italie. Un évêque franc, nommé Bertramm, lui envoie des vers, et Fortunatlui répond « .La feuille que tu m’adressais m’a porté des vers sublimes, et des paroles dignes d’un sage qui chausse le cothurne. Pendant que je parcourais les lignes retentissantes de tes vers écumants, j’ai cru livrer mes voiles à une mer agitée. Ton poëme roulait des flots orageux, comme l’Océan quand il semble soulever les eaux de ses sources,

  1. Fortunat, Carmina, lib V. 1,De Nuptiis Sigesberti Brunechildis reginae :

    Clarior aethera Brunechildis lampade fulgens,
    Altera nata Venus, regno ditata decoris,
    Nullaque Nercidum de gurgite talis Ibero,
    Oceani sub fonte nata non ulla napaea
    Pulchrior : ipsa suas subdunt tibi flumina nymphas.

    Ibid., 2, 7 VIII, 1,Ad Chilpericum regem

    Regibus sequalis de carmine major haberis.

    Ibid., 2 Ad Chilpericum regem et FredegundemIbid.3.