Il y avait quelque honneur à consoler ainsi les dernières générations du monde ancien, à les encourager au travail d’esprit, à maintenir chez elles le culte des lettres il y en avait davantage à le populariser chez les Germains. Tandis que Radegonde la Thuringienne rassemble autour d’elle les filles des Francs pour les exercer aux méditations
de Mayence, de Nantes, de Metz, de Cologne, de Verdun, Carmina Lib. I, 10, 13 II, 4, 9, 10, 11 ; III, 4, 11, 16, 26. Sur le luxe et l’élégance des mœures contemporaines, Carmin.III , 10, 19, 14 De Piçtura vitis in mensa :
Vitibus intextis ales sub palmite cernât,
Et leviter pictas cernit ab ore dapes.
Multiptices epulas meruit conviva tenere
Aspicit hinc uvas, inde Falerna bibit.
Tout le livre IV est consacré aux épitaphes et aux lettres de
recommandation. Il serait trop long d’énumerer tous les évêques
célébrés par Fortunat. Ceux dont le nom revient le plus souvent
dans ses vers sont Léontius de Bordeaux, Félix de Nantes, Nicetius
de Trèves, et Grégoire de Tours. Parmi les laïques gallo-romains,
Fortunat célèbre surtout le patrice Dynamius, dont les poëmes
allaient, dit-il, aux quatre coins de l’univers. Carmina, V, 10, 11.
On ne peut méconnaitre un reste d’élégance et une aimable
facilité dans plusieurs compositions de Fortunat je remarque surtout
un poëme sur la croix, dont quelques traits expliquent parfaitement
les symboles des vieilles mosaïques chrétiennes. Carmina lib. II, 3 :
Crux Benedicta nitet Dominus qua carne pependit,
Atque cruore suo vulnera nostra lavat.
Hic manus illa fuit clavis confixa cruentis,
Quae Paulum eripuit erimine, morte Petrum.
Fertilitate potens, O dulce et nobile lignum !
Quando tuis ramis tam nova poma geris
Appensa est vitis inter tua brachia, de qua
Dulcia sanguinea vina rubore fluent.
La mosaïque qui orne l’abside de Saint-Clément à Rome représente le Christ attaché à une croix, du pied de laquelle sort une vigne, image de l’Église universelle.