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de ses vertus n’avait pas tardé à se répandre dans tout le Norique ; et les villes les plus menacées l’appelaient dans leurs murs. A la vue de cet homme sans patrie, supérieur aux faiblesses de la terre, qui venait pieds nus par des chemins glacés, jeûnant jusqu’au coucher du soleil, et dormant sur un cilice, les peuples commençaient à se croire visités de Dieu. Pour lui, il leur prêchait la pénitence, ordonnait des prières et des aumônes, raffermissait.les liens relâchés de la foi et de la discipline, et s’attachait à vaincre d’abord le désordre des consciences, premier péril d’une société qui se dissout. Mais sous le zèle du moine éclatait l’habileté de l’homme public : les dîmes levées par ses soins pourvoyaient au rachat des captifs, l’entretien’ des pauvres, à l’insuffisance du commerce qui enrichissait autrefois les deux rives du Danube, et dont les rares transports ne se faisaient plus maintenant qu’avec le sauf-conduit des barbares. Il s’occupait enfin de la défense militaire avec le calme d’un vieux capitaine, organisant l’attaque et la retraite, recueillant d’abord les populations des campagnes dans les villes avec leurs troupeaux et leurs récoltes, abandonnant ensuite les villes mal fermées, pour réunir ses forces derrière des remparts plus sûrs. Les soldats sans ordres reprenaient les armes sur sa parole, et les cités sans magistrats obéissaient. avec joie à ce prophète, dont les avertissements ne les avaient jamais trompées. Les habitants de Salz-