maison, et le suivaient au combat. C’étaient les commencements d’une aristocratie guerrière : deux institutions romaines favorisèrent ses progrès. D’un côté, les barbares, en franchissant la frontière, l’avaient trouvée couverte de colonies militaires, c’est-à-dire de familles qui l’empereur, seul propriétaire du sol provincial, en déléguait la possession à titre de bénéfice, mais à la charge de défendre le retranchement et de donner des recrues aux légions. D’un autre côté, ils voyaient la pompeuse hiérarchie des dignités de l’empire, cette longue suite de personnages titrés que les lois comblaient d’honneurs et de priviléges. Si les rois ne dédaignaient point les insignes du consulat, comment les leudes ne se seraient-ils pas décorés volontiers des noms de ducs et de comtes ? Et puisque les Mérovingiens succédaient au droit des empereurs sur le sol provincial, pourquoi n’auraient ils pas accordé à leurs compagnons d’armes bénéfices que l’épée des anciens vétérans avait mal défendus ? Ces concessions, d’abord personnelles, tendirent à l’hérédité ; les exemples de bénéfices passant de père en fils se montrent dès le sixième siècle, et se multiplient sous les premiers Carlovingiens. Dès lors on peut voir comment la féodalité se formera, gardant des mœurs germaniques la noblesse du sang, qui fait son prestige religieux, et le vasselage, qui fait sa force politique, mais empruntant de la civilisation romaine le fief qu’elle
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