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veau Constantin, empereur très-chrétien, a paru parmi nous[1]. »

Ce que j’admire, c’est que la papauté ne se pressa pas. Il y avait trois cents ans qu’elle tenait les yeux fixés sur la nation des Francs ; il y avait soixante ans qu’elle s’appuyait sur le bras des Carlovingiens ; il y en avait vingt-cinq qu’Adrien avait reconnu dans Charlemagne le chef prédestiné d’un nouvel empire, quand Léon III acheva l’ouvrage de tant de pontifes. La papauté n’avait prétendu ni détruire ni créer des pouvoirs, elle avait eu la sagesse de laisser ce soin à la Providence, servie par le temps, et de se résoudre à étudier lentement, respectueusement, le plan divin à mesure qu’il se déroulait. Les invasions avaient rompu l’économie du monde, et détruit le pouvoir temporel en le divisant. La force était du côté de ces rois du Nord, à qui rien ne résistait mais les nations du Midi et tout ce qui gardait le nom romain subissaient la conquête comme un fait violent, et n’admettaient pas facilement la possibilité d’une puissance légitime entre des mains barbares. Au contraire, l’autorité du passé, les anciennes magistratures, et le nom d’empire, auquel le monde avait si longtemps obéi, se

  1. L’épître du pape Adrien est en vers irréguliers, dont les lettres initiales forment l’acrostiche Domino eccelentissimo filio Carolo magno regi, Hadrianus papa  :

    Justo gignitur rege Ecclesiae almae defensor...
    Christo juvante ac beato clavigero patre,
    Cunctas adversas gentes regalibus subdit plantis...
    Ad haec Hadrianus praesul Christi praedixit triumphos.