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« haut, ils ont la joie de compter dans la chevalerie « du Christ[1]. »

Quelles conditions le christianisme faisait à la royauté.

La monarchie, ainsi régénérée par le spiritualisme chrétien, a ce premier caractère, qu’elle exclut la pensée même d’un pouvoir absolu.Tandis que les empereurs romains font profession d’être au-dessus des lois, et que les jurisconsultes examinent seulement si l’impératrice est déliée des lois;tandis que, sous les premiers Mérovingiens, un émissaire armé du praeceptum royal peut impunément mettre à mort les hommes, enlever les femmes, arracher les religieuses de leur cloitre, désormais le prince ne recevra l’onction qu’après avoir juré l’observation de toutes les lois ecclésiastiques et civiles. En second lieu, cette autorité limitée est en même temps consentie elle a son fondement légal, sinon dans l’élection proprement dite, du moins dans l’assentiment du peuple. Charles le Chauve se déclare élu de Dieu, il ajoute que la volonté divine lui est manifestée par l’accla-

  1. On peut reconnaître la première pensée d’une politique sacrée dans un écrit qui peut dater des premiers temps romains, je veux dire la Collatio mosaicarum et romanorum legum, publiée par Pithou à la suite de ses Observations. Le rédacteur de cette compilation y a rapproché sous seize titres les lois de Moïse et les décisions de Modestin, de Paul, d’Ulpien, et des autres maîtres de la jurisprudence romaine. Jonas Aurelianensis, Opusculum de Institutione regia apud d'Achery, Spicilegium t I, p.324. Hincmari Opera,t II, p. 3. De regia persona et regio ministerio. Smaragdi abbatis, Via regia apud d'Achery, Spicilegium, t.I , p.238. Pourla description de la mosaïque d’Aix-la-Chapelle, Ciampini, Vetera monumenta p.129.