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Danube, à condition de livrer leurs armes en gage de paix éternelle, et leurs enfants pour recruter les légions. Eudoxius proposa d’ajouter qu’ils embrasseraient la communion de l’empereur. Les députés barbares répondaient que rien ne les détacherait de la foi qu’ils avaient reçue. Mais Ulphilas, circonvenu par les ariens, touché de la douceur de leurs paroles et de la richesse de leurs présents, se laissa persuader que la querelle, indifférente au dogme, n’intéressait que l’orgueil des Latins et des Grecs. Ce grand homme fléchit et les Goths, qui tenaient sa parole pour la loi de Dieu, passèrent à l’hérésie[1].

Ainsi les Visigoths devinrent ariens par la défection de leur maître dans la foi. Pendant quarante ans de dévastations, les soldats d’Alaric et d’Astaulfe traînèrent l’erreur avec eux, et l’établirent enfin dans le royaume qu’ils fondèrent au pied des Pyrénées. En même temps ils la communiquaient aux Ostrogoths, demeurés en arrière ; et réservés pour d’autres conquêtes. Ceux-ci la portèrent en Italie, et jusqu’au cœur même de la chrétienté, quand ils y pénétrèrent à la suite de Théodoric. Jamais à la cour de Byzance l’arianisme n’avait paru plus puissant que sous le patronage de ce grand

  1. Théodoret, IV, 37 : Τοῦτον ϰαὶ λόγοις ϰαταϰηλήσας Εὐδόξιος ϰαὶ χρήμασι δελελεάσας πεῖσαι παρεσϰεύασε τοὺς βαρϐάρους τήν βασιλέως ϰοινωνίαν ἀσπάσασθαι… ϰαὶ γὰρ Οὐλφίλας Εὐδοξίῳ ϰαὶ Οὐάλεντι ϰοινωνῆσαι πείθων αὐτοὺς, οὐϰ εἶναι δογμάτων ἔφη διαφοράν, ἀλλὸ παταίαν, ἔριν ἐργάσασθαι τὴν διάστασιν. Cf Sozomène, VI, 37.