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leurs terres pour aller vivre sous d’autres lois. Au septième siècle, la capitation est exigée avec tant de dureté, que les pères laissaient mourir leurs enfants plutôt que de les voir inscrits sur Les rôles. Les abus du fisc, qui avaient précipité la ruine des provinces et la chute de l’empire ; les spoliations si éloquemment flétries par Lactance et Salvien, n’eurent pas d’excès qu’on ne retrouve dans ces pages de Grégoire de Tours, où, en présence des exactions de Chilpéric, il commence à croire à la fin prochaine des temps, où il raconte les présages du ciel se mêlant aux terreurs de la terre, et, en signe de la pitié de Dieu pour l’oppression du peuple, l’hostie que le prêtre rompait versant du sang sur l’autel[1].

Ces violences n’atteignaient que la population gallo-romaine : le comble de la hardiesse fut de toucher aux vieilles franchises des barbares. Un ministre de Théodebert, le Romain Parthenius, paya de sa vie la tentative de soumettre les Francs au tribut : ils le massacrèrent dans l’église même de Trèves, et entre les mains des prêtres qui l’avaient caché. Toutefois, tel était sur les petits-fils de Clovis l’ascendant de cette société antique

  1. Gregor Turon, t. V, 29 « Descriptiones novas et graves in omni regno sao fieri jussit, qua de causa multi, reliquentes civitates illas vel proprias, alia régna petierunt ». Vita S. Bathildis, n°6. M. Lehuerou (p. 264 et suiv.) a rigoureusement établi que les Mérovingiens empruntèrent le système fiscal de l’empire romain jusque dans ses derniers détails.