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chefs de Bourguignons, qu’une mauvaise récolte détrônait, aient cherché une autorité plus durable dans les offices de la hiérarchie impériale que Gundioc, Gondebaud, aient brigué le titre de Maîtres des milices. De plus grands qu’eux, Alaric, Odoacre, avaient sollicité les charges de la cour et de l’armée : ils y trouvaient un moyen d’éblouir la simplicité de leurs anciens compagnons d’armes, autant que de calmer les scrupules de leurs nouveaux sujets. Les provinces obéissaient plus volontiers à ces conquérants, quand elles reconnaissaient en eux des officiers de l’empire. De son côté, la cour de Constantinople, en leur envoyant les ornements consulaires, se vantait d’avoir sauvé l’honneur, et de gouverner le monde comme autrefois, par ses délégués. Aux yeux des Byzantins, la royauté des Germains n’était plus qu’une magistrature romaine ; et les Germains ne se refusaient pas à la considérer ainsi, lorsque Sigismond écrivait à l’Empereur «  Mon peuple est le vôtre mais j’ai plus de bonheur à vous servir qu’à lui commander. Rois de notre nation, nous ne voulons être que vos soldats. Par nous vous gouvernez ces régions reculées. Nous n’avons d’autre patrie que ce monde dont vous êtes le maître la lumière de l’Orient s’étend jusqu’ici, et nous ne sommes éclairés que du reflet de vos rayons[1]. »

  1. Aviti Epist.83, edidit Sirmond. M. Lenormant a répandu une lumière toute nouvelle sur ce sujet dans ses Lettres à M. de