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est-il dit, vous ne les chargerez pas d’autant de c jeûnes que les riches : imposez-leur seulement la moitié de la peine[1]. » Pendant que la prédication s’emparait de l’entendement par la foi, et que la pénitence s’imposait à la volonté par la crainte, là prière saisissait en même temps ces deux puissances, et rétablissait l’unité de l’âme par l’amour, qui fait le nœud de toutes les facultés humaines.

Dans l’action de l’âme qui prie, c’est-à-dire qui s’approche de Dieu, il y a un double effort de l’intelligence vers le vrai, et de la volonté vers le bien. Ces deux efforts se montrent déjà dans un hymne e du huitième siècle, où l’on sent encore le sauvage de la barbarie : « J’ai appris parmi les hommes les plus sages que la terre n’existait pas, ni ciel ; le que l’arbre et la montagne n’existaient pas que le soleil ne brillait point, et que la lune ne donnait pas sa lumière et la mer n’était pas encore. Alors, quand le néant n’avait point de limites, existait le Dieu tout puissant et plein de miséricorde, et avec lui beaucoup d’esprits glorieux. –Et toi, Dieu Saint, Dieu tout-puissant, qui as créé le ciel et la terre, et qui as fait tant de bien aux hommes,

  1. Schannati, Concilia Germaniae, t II, et le Pénitentiel de Halitgart, évêque de Cambrai, dans Martène, t. II, p. 43, ordo II. Il déclare avoir tiré ces règles des archives de l'Église romaine. C’est bien la doctrine de la seconde lettre du pape Grégoire II à Léon l’Iconoclaste.