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avait parlé le dialecte de Démosthènes, ne craignit point de prendre le rude accent du Frank et du Saxon. Parmi les règlements de saint Boniface, on remarque déjà celui qui veut que tout prêtre soit en mesure d’interroger les catéchumènes, et de leur expliquer dans leur idiome à quoi ils renoncent et ce qu’ils confessent. En 815, le concile de Mayence exigea que la loi de Dieu fut annoncée en langue tudesque[1] ; en même temps, on dressa des formules d’exhortations et de prières, premiers monuments des littératures germaniques. Ainsi toute l’exactitude de la pensée théologique se conservait sous une expression barbare. L’orthodoxie faisait la force de l’enseignement chrétien. Ce n’était pas en vain que cette doctrine solide, dont tous les articles avaient passé par les controverses et par les décisions des conciles, s’établissait dans des esprits bercés par les fables. Elle les arrachait du vague où ils s’étaient complu : elle leur proposait des dogmes, c'est-à-dire des principes immuables ; elle leur apprenait d’abord à se fixer, ce qui est le premier effort de l’étude. Elle les obligeait de discerner chaque point, de ne rien confondre, de pratiquer tous les procédés d’une saine logique. Enfin elle les décidait à croire, à prendre ces habitudes de conviction et de fermeté qui font la puissance de l’entendement humain. Ainsi la prédication, en dé-

  1. Schannati, Concilia Germaniae, I. Binterim, Concilien, 2.