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rat ! » C’était la charte du moyen âge ; c’était aussi la constitution de toute la société moderne, qui ne peut être autre chose, après tout, que la victoire de l’esprit sur la matière, le règne du droit, et l’empire invisible des idées divines, réalisées dans les lois humaines.

Ce que la barbarie avait fait de la personne humaine.

Mais la société, périssable ouvrage des législateurs, n’est faite que pour le développement de la personne humaine, qui est l’oeuvre immortelle de Dieu. Toute la civilisation ne conspire qu’à cette fin ; et tant d’événements, tant d’institutions qui remplissent l’histoire, ne sont que l’école passagère ou les âmes se forment pour une destinée qu’elles doivent trouver ailleurs. Qu’était donc devenue la personne humaine dans l’état de barbarie ? Si je considère de près les mœurs des Germains que l’invasion précipita sur l’Occident, je n’y découvre aucune trace d’éducation. Je vois les enfants toujours nus, vivant parmi les esclaves et les bêtes de la ferme, et grandissant de la sorte, sans soins, sans règle, sans enseignement, jusqu’à l’âge où ils allaient recevoir, dans l’assemblée des gens de guerre, l’écu et la framée. Je n’aperçois aucun de ces efforts qu’il faut pour dégager l’homme des premières impressions, pour le porter plus haut, pour l’élever enfin. Les âmes restaient donc dans une éternelle enfance, sous la loi des sens. Les intelligences étaient troublées, elles étaient ignorantes, elles étaient paresseuses. Le pa-