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avaient imposé la continence au clergé d’Occident ; d’où il suit qu’il n’y a rien de plus ancien que cette règle, qu’on a représentée comme une entreprise de Grégoire VII. Le sacerdoce chrétien voulait toute la vigueur de la virginité et toute l’indépendance d’une vie solitaire. Il était nécessaire que le prêtre pût s’enfoncer dans des contrées inconnues, parmi les infidèles, sans regarder derrière lui. Il ne fallait pas qu’il eût besoin de la faveur des grands, ni de la complaisance de la foule, ni d’autre chose que du pain de chaque jour, qui ne manque jamais. Il était aussi de l’intérêt des nations que le sacerdoce ne pût devenir héréditaire ; qu’il attendît, ses recrues de la société laïque ; qu’il y tînt, pour ainsi dire, par ses racines. Et cependant, si tout le monde pouvait se jeter dans l’Église, il convenait qu’en y entrant on y trouvât le célibat comme une compensation aux privilèges de cléricature, et que la grandeur du sacrifice fit hésiter sur le seuil ceux qui ne seraient pas appelés. Rien donc n’était plus sage ; mais pour les barbares rien n’était plus nouveau. Ce qui faisait l’orgueil et la force du barbare, c’était moins encore ses armes que sa famille ; c’était la fécondité de sa femme et la vigueur de ses fils ; c’était une nombreuse lignée de parents qui tiraient l’épée avec lui dans les batailles, qui juraient pour lui devant les juges s’il était accusé, qui devaient poursuivre la vengeance de sa mort. Quand donc les Germains convertis recrutèrent les