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rie Mais le mal est plus profond chez les Germains, livrés à tous les débordements d’une vie errante, à tous les hasards d’une guerre éternelle, surtout quand la lutte engagée contre l’empire romain les arrache à leurs traditions, en même temps qu’à leurs premières demeures. On trouve chez eux assez de débris pour y démêler les éléments d’une théogonie, d’une législation, d’une épopée nationales, mais pour constater aussi que ces éléments se décomposaient et retournaient au chaos. Il en est de même de leurs vertus, toutes atteintes de cette corruption qui en fait autant de vices. S’ils étaient pauvres, ils n’en convoitaient que plus l’or et les terres des nations riches ; ils portaient le sentiment de l’indépendance jusqu’à l’horreur du devoir ; et, quand ils se dévouaient à un chef, c’était pour satisfaire, sous sa conduite, ce besoin qui les dévorait de combattre et de détruire.

Je me restreins à ces peuples, qui firent au christianisme une tâche plus laborieuse. La barbarie avait mis le désordre dans la nature humaine ; elle avait abandonné l’âme aux sens, la société à la force. Il fallait donc recomposer la société et régénérer les âmes.


Ce que la barbarie avait fait de la société.

I. La société était oppressive, elle était impuissante. On n’y connaissait que la force des armes et la force de la famille, qui pour une même cause armait plusieurs bras. Les tribus s’attachaient à des chefs connus par l’éclat de leurs aventures et de