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lovingiens. Vainement le zèle de Louis le Débonnaire avait cru commencer la conversion des hommes du Nord, en faisant baptiser les envoyés qui venaient chaque année lui apporter les messages de leurs rois. La solennité de ces baptêmes édifiait la cour on aimait à voir le cortège des néophytes, couverts des blancs vêtements que leur donnait le trésor impérial, entourés des nobles Francs qui se disputaient l’honneur de leur servir de parrains. Mais, un jour que les catéchumènes étaient plus nombreux que de coutume, les vêtements blancs étant venus à manquer, on fut réduit à distribuer à plusieurs de vieux linges accommodés à la hâte. Alors un vieillard, repoussant avec colère ces haillons « On m’a baptisé ici plus de vingt fois, s’écria-t-il, et, à chaque fois, on m’a revêtu de vêtements parfaitement beaux. Le sac que voici est bon pour un bouvier et non pour un homme de guerre. Et certes, si je n’avais honte de ma nudité, je vous laisserais, vous, vos habits et votre Christ. » L’Évangile voulait des conversions plus sérieuses, mais il fallait les aller chercher il fallait poursuivre ces barbares comme on avait poursuivi leurs devanciers chez eux, au cœur même des lieux inaccessibles où ils cachaient les mystères de leurs dieux et le butin de leurs combats[1].

  1. Monachus Sangallensis, de Rebus Caroli Magni, 11, 29.