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Grecs l’appelèrent le Moïse de son temps, et c’était l’opinion des barbares « que le fils de la louve ne pouvait faire mal[1]. »

  1. Philostorge, II, 5. Socrate, lib. II !, cap. XLI. Sozomène, lib. VI. Metaphraste, ad diem 15 Sept. Jornandès, de Rebus Geticis, cap. LI. Cf. Baronius, ad ann. 370. Bolland., Act. SS. Septemb. 15. Ulphilas, herausgegeben von J. Ch. Zühn (Weissenfels, 1805). M. Waitz (Ueber das Leben und die Lehre des Ulfila) a publié les fragments inédits d’un discours prononcé au concile d’Aquilée, en 581, par Auxentius, arien, et disciple d’Utphilas. Auxentius y loue son maître dans les termes les plus magnifiques, le comparant à tout ce que l’Ancien Testament a de plus grand, à Joseph, à Moïse, à David, au prophète Élisée. Il le vante d’avoir prêché la doctrine d’Arius dans toute sa rigueur, en repoussant également ceux qui font le Fils consubstantiel au Père, et ceux qui le font semblable. Selon lui, Ulphilas, après être resté lecteur jusqu’à l’âge de trente ans, aurait été ordonné évêque en 548 sept ans après, une persécution violente l’aurait contraint de se réfugier avec son peuple sur le territoire de l’empire, où l’empereur Constance leur assigna des terres. Il y serait demeuré trente-trois ans, c’est-à-dire jusqu’à sa mort. Auxentius ajoute qu’Ulphilas écrivit et prêcha dans les trois langues des Goths, des Grecs et des Latins. M. Waitz, dans la savante dissertation qui accompagne ces fragments, ne peut dissimuler combien le témoignage d’Auxentius est suspect en ce qui touche aux intérêts de l’arianisme. Sozomène et Théodoret s’accordent complètement à représenter Ulphilas attaché premièrement à la foi de Nicée, et plus tard entraîné à l’hérésie par les évêques ariens. La difficulté est plus grande en ce qui touche l’époque de sa chute. Si l’on s’attache à Auxentius, il semble qu’Ulphilas dut embrasser la communion de Constance en 355, quand il se serait réfugié sur les terres de l’empire mais aucun autre historien n’a mentionné un établissement des Goths dans l’empire d’Orient à cette époque. Selon Socrate, les Goths de Fritigern seraient devenus ariens quand ils reçurent les secours de Valens ; et Tillemont, VI, ’798, démontre que cette guerre civile des Goths et l’intervention des Romains précédèrent l’invasion des Huns, qui rejeta définitivement une partie de la nation gothique au delà du Danube, en 376. Enfin, c’est à cette dernière époque que Sozomène et Théodoret placent l’apostasie d’Ulphilas, avec les’circonstances qu’on verra plus bas, et qui prètent une extrême vraisemblance à leurs récits. Du reste, M. Waitz reconnait avec nous que les Goths professèrent d’abord l’orthodoxie.