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mière fondation de saint Boniface. Quand les barbares approchèrent, la torche à la main, une terreur religieuse les saisit ils se retirèrent en désordre ; plusieurs dirent ensuite qu’ils avaient vu deux jeunes hommes vêtus de blanc, défendre les portes du sanctuaire[1]. Bientôt après, Charlemagne reparut, trois armées le précédèrent en Saxe, et dévastèrent le pays. Lui-même, au commencement de 775, vint tenir le champ de mai à Duren, traversa le Rhin, prit le lieu fortifié de Sigeburg, mit garnison dans Éresburg, força le passage du Weser auprès du mont Brunesberg, battit les barbares, et pénétra jusqu’à l’Ocker, où les chefs du pays d’Ostphal lui livrèrent leurs otages. Retournant ensuite sur ses pas, il trouva les hommes d’Engern venus à sa rencontre pour faire les mêmes soumissions. Mais ceux de Westphal opposèrent une résistance plus opiniâtre. Un soir, à la faveur de l’obscurité, leurs guerriers se mêlèrent aux fourrageurs d’un corps franc détaché sur le Weser. Entrés dans le camp, ils attendirent l’heure du sommeil et se jetèrent sur les chrétiens endormis. Ceux-ci, revenus de la première surprise, firent face, et soutinrent tous les assauts, jusqu’à ce que l’armée royale vint les dégager[2]. Les

  1. Eginhard, Annales, ad ann. 774. Cf. Annales Laurissenses et Fuldenses, ad ann. 774, et surtout Annales Francor., ibid.
  2. Ibid., ad ann. 775. Poeta Saxo, ad ann. 775. Il faut lire, dans cette chronique en vers, la surprise du camp chrétien par les