tera par le fer et par le feu, et il emmènera vos femmes et vos enfants en esclavage. » À ces paroles, la foule indignée s’ému t, et poussa de grands cris plusieurs coupaient déjà des pieux qu’ils aiguisaient afin de percer le profanateur, quand l’un des chefs, nommé Buto, montant sur un lieu élevé, s’adressa à la multitude : « Écoutez, dit-il, vous qui êtes les plus sages. Il nous est venu souvent des ambassadeurs des peuples voisins, Normans, Slaves ou Frisons nous les avons reçus en paix, et, après avoir entendu leurs messages, on les a renvoyés avec des présents. Celui-ci est l’ambassadeur d’un grand Dieu, et vous voulez le faire mourir » Ces paroles sauvèrent le prêtre. Il se retira sain et sauf, et bientôt après parut le vengeur qu’il avait prédit[1].
Première période, 772-777.
Au printemps de l’année 772, le champ de mai fut convoqué à Worms. Le roi Charles y exposa ses desseins. Il méditait depuis quelque temps comment il pourrait acquérir au Christ cette nation saxonne, qu’on disait, si cruelle, si ennemie des hommes, si attachée aux faux dieux. Il sollicitait sur ce point le conseil des gens d’Église et le secours de leurs
- ↑ Vita Lebuini, apud Pertz, t. II. Les historiens modernes ne se sont pas attachés à embrasser tous les détails de cette guerre de Saxe, qui tient une place considérable dans l’histoire religieuse et politique de la Germanie. En réunissant les traits épars dans les chroniques et les annales contemporaines, avec les couleurs poétiques données par la tradition populaire, j’ai essayé de recomposer le tableau. Mais déjà M. Mignet, dans son excellent mémoire, avait reconnu toute l’importance historique de ce grand fait d’armes.