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devait les sauver malgré eux[1]. » Avec lui marchait la nation des Francs : « Illustre, forte sous les armes, aimée du Christ, qui dirigeait ses chefs dans les voies de la piété, bénie des saints martyrs, dont elle avait enchâssé les ossements dans l’or et les pierres précieuses. » Les Francs avaient aussi le suffrage du siège de saint Pierre, déjà secouru par leurs armes, le concours des peuples nombreux qu’ils tenaient sous leurs lois, et les vœux de l’Occident catholique, qui les voyait partout sur la brèche pour la défense de sa foi et de sa liberté. Toute la chrétienté était derrière eux. Du côté opposé paraissaient les Saxons, restés comme les derniers des Germains devant l’invasion

  1. Poeta Saxo, ad ann. 775.

    O pietas benedicta Dei, quae vult genus omne
    Humanum fieri salvum ! Quia noverat hujus
    Non aliter gentis molliri pectora posse,
    Discerét ut cervix reflectere dura rigorem
    Ingenitum mitique jugo se subdere Christi,
    Ob hoc doctorem talem fideique magistrum,
    Scilicet insignem Carolum donavit eisdem,
    Qui bello premeret quos non ratione domaret,
    Sicque vel invitos salvari cogeret ipsos.

    Wittikind, Chronic.15 : « Magnus vero Carolus. Considerabat. finitimam gentem nobilemque vano errore retineri non oportere, modis omnibus satagebat quatenus ad viam veram duceretur, et nunc blanda suasione, nunc bellorum impetu, ad id cogebat ». Eginhard explique les causes politiques de la guerre, Vita Caroli Magni  : « Suberant et causae quae quotidie pacem conturbare poterant, termini videlicet nostri et illorum pene ubique in plano contigui, prœter pauca loca in quibus vel silva’majores, vel montium juga. in quibus caedes et rapinae vel incendia vicissim fieri non cessabant ; quibus adeo Franci sunt irritati, ut non jam vicissitudinem reddere, sed apertum contra eos bellum suscipere, dignum judicarent. »