Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/26

Cette page a été validée par deux contributeurs.

sant l’empire à les traiter comme les nations qu’il craignait, c’est-à-dire à les prendre à son service. Ils avaient le titre et la solde d’alliés lorsque, l’empereur Philippe ayant refusé de subir plus longtemps l’affront du tribut annuel qu’ils exigeaient sous ce nom, ils forcèrent la ligne romaine et envahirent la Mésie. Bientôt après, on voit leurs bandes couvrir les plaines de la Thrace : les cent mille habitants de Philippopolis meurent sous les ruines de leur ville. Dèce périt en voulant les venger (252). Durant vingt ans les Goths ravagèrent la Grèce, l’Illyrie, la Troade, la Cappadoce ; ils brûlèrent le temple d’Éphèse, saccagèrent Trébisonde, Nicée, Athènes, ramenant leurs chariots chargés de butin, et laissant derrière eux la peste et la famine. Rien n’égale l’horreur de ces temps désastreux : les lettres mêmes semblent s’éteindre, et il y a une interruption de vingt années dans les historiographes des empereurs[1].

Ulphila. Mais, parmi les captifs que les vainqueurs chassaient devant eux, plusieurs portèrent le christianisme aux foyers de leurs maîtres. D’ailleurs, comment les Goths, enrôlés sous les aigles de l’empire, auraient-ils résisté aux progrès d’une doctrine qui avait gagné les légions, surtout quand ils virent la croix sur les drapeaux, quand enfin quarante mille d’entre eux combattirent pour Constantin dans la

  1. Jornandès, de Rebus Geticis, 16, 17, 18, 20.