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d’Upsai. La Saxe avait aussi un culte public, des prêtres qui ne portaient pas les armes, et des temples dont on n’approchait qu’avec respect. Des banquets étaient célébrés en l’honneur des dieux on mettait solennellement les morts sur les bûchers. Non loin du Weser, dans un lieu fort, nommé Eresburg, s’élevait, du côté de l’orient et à ciel découvert, un tronc en forme de colonne, qu’ils adoraient sous le nom d’Irminsul, c’est-à-dire « la colonne du monde. » Des monceaux d’or et d’argent, prémices du pillage, étaient entassés autour. Au-devant se trouvait un autel, et les sacrificateurs offraient à Odin la dîme des captifs. Ces immolations n’étaiènt pas les plus horribles : il y avait des hommes et des femmes qu’on tenait pour magiciens, et qui passaient pour se nourrir de chair humaine ; sur ce bruit, on se saisissait d’eux, on les brûlait, on les mettait en morceaux, on les mangeait. Le paganisme avait conduit jusque-là une race intelligente et généreuse : il y avait des cannibales parmi les Saxons[1].

  1. Capitulatio de partibus Saxoniae.Ecclesiae Christi quomodo construuntur in Saxonia et Deo sacrata ; sunt, non minorem habeant excellentiam quam fana habuissent idolorum. » Bède, Hist. eccles. Capitulatio, etc. « Si quis corpus defuncti hominis secundum ritum paganorum namma consumi fecerit. Si quis ad fontes aut arbores vel lucos votum fecerit, aut aliquid more gentilium obtulerit, et ad honorem daemonum comederit.»C’est le diabolgelde du concile de Leptines. Wittikind, 12 « Ad orientalem portam ponunt aquilam aramque Victoriae construentes. Nomine Martem, effigie columnarum imitantes Herculem, loco solem. »... Cf. Adamus Bremensis, Grimm, Deutsche Mythologie. Poeta Saxo