Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/230

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Paix, l’Humilité, la Virginité. Je cite l’énigme de la Justice, où l’on voit mieux qu’ailleurs quelle place les souvenirs mythologiques tenaient encore, au huitième siècle, dans l’imagination d’un saint. « On ditque le foudroyant Jupiter me donna le jour, et que, vierge, j’ai quitté à cause de ses crimes la terre profanée. Rarement mon visage se montre aux enfants des hommes. Fille glorieuse du Roi des cieux, me jouant dans les embrassements de mon père, je gouverne le monde par ses lois. La famille des hommes jouirait d’un âge d’or éternel, si elle gardait la règle de la vierge qui les aime. Le jour où je fus méprisée, l’essaim des maux s’abattit sur les peuples ; ils foulèrent sans repentir les préceptes du véritable maître du tonnerre, les lois du Christ voilà pourquoi ils descendent tristement dans la nuit de l’Erèbe, et vont habiter en pleurant le brûlant royaume de Pluton. » Je ne me fais pas d’illusion sur le mérite de ces jeux d’esprit ; mais je ne puis m’empêcher de remarquer tout ce qu’il y a de légitime, de respectable, dans les lettres humaines, pour qu’un homme si saint, si occupé des intérêts de l’éternité, n’ait pu se détacher de cette dernière consolation terrestre, et que saint Boniface ait eu la faiblesse de faire des vers[1].

  1. Giles, Opera Bonifacii, II, 109 Aenigmata de virtutibus. Malheureusement l’éditeur n’a pas réparé les erreurs du copiste, et n’a pas vu que, l’exorde annonçant dix énigmes, il fallait retrouver