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la ceinture, elles la poursuivent à coups de verges et de couteaux, et la chassent ainsi de manoir en manoir, jusqu’à ce qu’elles la laissent morte ou mourante. Tel est le respect des gentils, de ces hommes sans loi, pour la loi de la nature écrite dans leurs cœurs. » D’un autre côté, il représente les habitants de l’Espagne, de la Provence et de la Bourgogne, gagnés par ces vices honteux que Dieu châtie par l’épée des Sarrasins. « Prenez garde, continue-t-il, que votre peuple ne se perde à son tour par l’exemple du prince. Car, si la nation des Anglais, ainsi qu’on le répète en ce pays, et qu’on nous en fait le reproche en France ; en Italie et jusque chez les païens, méprisant les noces légitimes, en vient à mener une vie digne de Sodome, sachez que les flancs des prostituées donneront le jour à une race dégénérée, abjecte dans ses penchants, qui ne sera plus ni forte à la guerre, ni fidèle à sa parole, ni aimable à Dieu, ni honorée des hommes. » Assurément l’accent du patriotisme indigné éclate ici, et l’on n’y voit rien de cette faiblesse reprochée à saint Boniface par quelques historiens. Il gourmande le zèle endormi du clergé d’Angleterre. « Soyons fermes dans la justice, écrit-il à Cuthbert, et préparons nos cœurs à l’épreuve, mettant notre confiance en celui qui a placé le fardeau sur nos épaules. Mourons, si Dieu le veut, pour les saintes lois de nos pères, afin de mériter avec eux l’héritage éternel. » Cet