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roi des Lombards, afin de contenir ce prince ambitieux, que Rome avait vu plusieurs fois camper sous ses murs. Il écrivait au roi anglo-saxon Ethelbald pour l’arracher aux désordres d’une mauvaise vie. Dans cette lettre, signée de lui et de ses quatre suffragants, on reconnaît toute la prudence d’un-zèle vraiment chrétien, et moins pressé de foudroyer le pécheur que de le convertir. Boniface loue premièrement le roi de ses aumônes et de sa fermeté à réprimer les violences, les rapines et les parjures. Mais il s’afflige d’apprendre qu’un si grand prince, se refusant aux liens d’un mariage légitime, se déshonore par la luxure et l’adultère, portant ses mains jusque sur les vierges consacrées à Dieu. Après avoir rappelé avec la gravité d’un théologien les menaces de l’Écriture sainte contre les crimes de la chair, il s’arrête à deux considérations, où perce une grande sagesse politique, éclairée par l’étude et la comparaison des peuples, et qui a trouvé dans la pureté ou dans la corruption précoce des races barbares la raison de leurs destinées ; D’un côté, il cite au prince l’exemple des vieux Saxons, de cette branche encore païenne de la même famille, chez qui « la femme adultère est contrainte de se pendre de sa propre main ; et, après qu’on a brûlé son corps, le séducteur est pendu lui- même au-dessus du bûcher. D’autres fois, les femmes du pays se rassemblent autour de la pécheresse, et, déchirant ses vêtements au-dessus de