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le labarum, le monogramme du Christ entre l’alpha et l’oméga. Quelquefois une inscription grecque marque la sépulture d’un chrétien d’Orient, mort sous un ciel si différent du sien. Ailleurs, c’est un enfant enseveli dans les blancs vêtements du baptême, un centurion des colonies militaires, qui, après vingt-cinq ans de combats, a voulu qu’on mît sur sa tombe le signe pacifique du Christ. Ces inscriptions prodiguent déjà les termes les plus tendres de la langue religieuse, mais dans un latin dégénéré, où l’on n’entend que le cri d’une douleur plébéienne, trop pauvre pour acheter de quelque rhéteur une épitaphe correcte. C’est là qu’on voit des barbarismes, des solécismes opiniâtres, qui attestent la décomposition de la langue classique, et des vers étranges qui violent toutes les lois du rhythme, mais qui donnent l’exemple d’une prosodie nouvelle. Les lettrés païens devaient fouler aux pieds avec bien du mépris ces premières fleurs de poésie que nous aimons à cueillir parmi les tombeaux de nos pères. Tels sont ces quatre vers qu’on lit sur un marbre enchâssé dans le mur du vestibule de Saint-Géréon : « Ci-gît Artémia, doux et bel enfant, — charmante à voir, et très-aimable en toutes ses paroles. — La mort, à cinq ans, l’emporta vers le Christ. — Innocente, elle a passé tout d’un coup aux célestes royaumes[1].

  1. Saint Athanase fait allusion aux écrits de saint Maximin contre les ariens, Ad Episcop. Aegypt. cont. Arian., p. 278. Sozomène,