ne m’arrivera plus, dit-il, de regretter ce que tu donneras de mon bien aux enfants de Dieu. » Et, sentant sa conscience en paix, le roi se mit à table tout joyeux ; mais, au contraire, l’évêque devint triste. Et comme un de ses prêtres lui demandait la cause de sa tristesse, il répondit en langue irlandaise, que ni Oswio ni les siens n’entendaient : « Je connais maintenant que le roi vivra peu de temps car jusqu’ici je n’avais jamais vu un roi qui fût humble, et cette nation n’est pas digne d’un tel prince. » Oswio périt bientôt après dans un combat, et l'évêque Aidan lui survécut seulement de douze jours[1].
Ce petit récit forme un tableau achevé il montre en des temps si barbares une douceur de sentiments, une délicatesse de conscience, une politesse de mœurs qui, mieux encore que la science, est le signe de la civilisation chrétienne. Au bout d’un siècle, la Grande-Bretagne, cette île de pirates, était devenue l’île des Saints. Pendant que les Gallois persévérèrent jusqu’en 777 dans leur isole-
- ↑ Bède, Hist. eccles., III, 14, 18 ; IV, 3. « Nec unquam prorsus ex quo Britanniam petierunt Angli, feliciora fuere tempora, dum et fortissimos christianosque habentes reges cunctis nationibus essent terrori, et omnium vota ad nuper audita cœlestis regni gaudia penderent, et quicumque lectionibus sacris cuperent erudiri, haberent in promptu magistros qui docerent ; et sonos cantandi in ecclesia quos eatenus in Cantia tantum noverant, » Cf. Turner, History of the Anglosax. liv. VII, VIII, IX. Lappenberg, Geschichte, p. 65-203. Lingard, Antiquities of the Anglosaxon Church, nouvelle édition. Wright, Biographia , I, 64 et suivantes. Vita Wilfridi, ap.Mabillon, A. 0. S. B., III, 197 ; IV, 671.