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reur du sang chez ces petits fils d'Hengist et d’Horsa. C’est le vieux roi Sigebert d’Estanglie, qui s’est enfermé dans un cloître pour y finir ses jours, et qui, à la nouvelle d’une invasion des païens, se laisse tirer du monastère pour rassurer les guerriers par sa présence, mais sans vouloir s’armer autrement que d’une baguette pour commander la bataille, jusqu’à ce qu’il tombe sous les coups des ennemis. C’est le roi Oswald de Northumberland, lavant les pieds à douze pauvres et les servant de ses propres mains chaque jour de carême, sans que nulle infirmité l’en empêchât. On raconte de son successeur Oswio qu’il donna à l’évêque Àidan un cheval de race ; mais Aidan, qui marchait toujours à pied, fit présent du cheval à un pauvre. Or le roi, l’ayant su, s’en affligea ; et, comme un jour il allait entrer avec l’évêque dans la salle du festin, il lui fit ses reproches : « N’avions-nous pas, « ajouta-t-il, beaucoup d’autres chevaux de moindre valeur, et des biens de plusieurs sortes, dont nous pouvions faire l’aumône aux pauvres ? » L’évêque répondit « Que dites-vous, ô roi ? Le fils d’une jument vous est-il donc plus cher qu’un homme, fils de Dieu ? » Sur quoi ils entrèrent dans la salle et Oswio, qui revenait de la chasse, s’approcha du feu avec ses officiers. Or, tandis qu’il se chauffait, il se souvint de la parole de l’évêque et, allant à lui, il déceignit son épée, fléchit le genou et demanda pardon de son injustice. « Il