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religion que nous avons gardée jusqu’ici ; car, de tous vos sujets,.aucun ne s’est appliqué plus que moi au culte de nos dieux ; et cependant il en est plusieurs qui reçoivent de vous plus de bienfaits, plus de dignités, qui réussissent mieux dans leurs desseins et dans leurs espérances. C’est pourquoi, si la nouvelle doctrine. vous paraît meilleure après un mûr examen, nous n’avons qu’à l’embrasser sans aucune hésitation»; Alors un autre d’entre les grands prit la parole et dit : « Ô roi, telle-me paraît. être la vie de l’homme sur la terre, en comparaison du temps qui la suit et dont nous ne savons rien. C’est comme en hiver, quand vous êtes assis au festin avec vos chefs et vos officiers, , et qu’un grand feu allumé au milieu de la salle l’échauffe tout entière, pendant qu’au dehors tout est enveloppé d’un tourbillon de neige. Alors, s’il arrive qu’un passereau traverse la salle, entrant par une ouverture et sortant par l’autre, tant qu’il est dedans il n’est point battu par l’orage ; mais, après un court intervalle de sérénité, il disparaît, passant de la tempête à la tempête. Telle est la vie humaine, dont nous voyons un court moment mais nous ignorons ce qui la précède et ce qui la suit. C’est pourquoi, si cette doctrine nouvelle vient nous apprendre quelque chose de plus certain, il semble qu’il faudra la suivre. » Les autres conseillers du roi et les vieillards tinrent des discours semblables.