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païens et les Gallois indociles mais qui leur envoie de nouveaux auxiliaires, des livres, des ornements sacrés, des conseils enfin destinés à devenir pour les siècles suivants la règle et, pour ainsi dire, le code des missions chrétiennes[1] .

Politique de S. Grégoire. Point de conversions forcées.

La première maxime de cette politique si différente de celle que l’ancienne Rome avait pratiquée, c’est d’abhorrer la conquête par les armes, et de ne rien devoir qu’au libre assentiment des esprits. Saint Grégoire, qui avait fait rendre aux juifs de Cagliari leur synagogue envahie à main armée par des chrétiens, qui ne souffrait pas qu’on fit violence à ce peuple, parce que Dieu demande « un sacrifice volontaire, » avait appris à ses disciples à détester les conversions forcées. Voilà pourquoi,. les envoyant chez les païens, il demande pour eux au roi des Francs, non des gardes, mais des interprètes. Voilà pourquoi Ethelbert converti ne contraignait personne à professer le christianisme « seulement il embrassait les chrétiens d’un amour plus étroit, comme ses citoyens du royaume céleste. Car, ajoute l’historien, il avait appris des auteurs de son salut que le service du Christ doit être libre et ne souffre pas de contrainte .[2]». Ces mission

  1. Bède, Hist.eccles., lib. I et II. S. Gregorii Epist., lib. VI, 58, 59 ; XI, 29, 64, 65, 66, 76. Saint Boniface, engagé dans ses missions de Thuringe, prie ses frères d’Angleterre de lui envoyer une copie des lettres de saint Grégoire à Augustin.
  2. S. Gregorii Epist., VII, 5. Bède, Hist, eccles., lib. I « Didicerat enim a doctoribus auctoribusque suae salutis servitium Christi vluntarium non coactitium debere esse. » Ibid. « Pulchra