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nuit, de même la splendeur de votre foi rayonne au milieu des ténèbres volontaires où vivent vos voisins. » Toute sa correspondance témoigne de ses préférences et de ses sollicitudes pour ce peuple, dont il ne se dissimule pas les vices. On y trouve deux lettres à Childebert II, une à Clotaire, dix à Brunehaut, six à Théodebert et à Thierri, plusieurs aux évêques des Gaules, toutes pour hâter la correction des mœurs, pour réprimer les progrès de la simonie, pour déraciner l’opiniâtreté des pratiques idolâtriques. En même temps qu’il rétablissait la discipline chez les catholiques, il ramenait l’orthodoxie chez les ariens : ses conseils éclairaient le zèle de la reine Théodelinde, qui commença la conversion des Lombards ses encouragements affermissaient dans la foi le roi Reccared, qui venait de décréter à Tolède le retour des Visigoths d’Espagne à l’unité de l’Église. Mais une inspiration plus hardie avait tourné toutes les pensées de Grégoire le Grand vers un peuple moins voisin de Rome et plus éloigné de la vérité[1].

Saint Grégoire entreprend la conversion des Anglo-Saxons.

Plusieurs années avant son pontificat, et quand il vivait sous la règle de saint Benoît, dans son palais du mont Aventin changé en monastère, un jour qu’il passait sur le forum, il y vit en vente de jeunes esclaves étrangers, dont il admira le beau vi-

  1. S. Gregorii Epistol, lib. V, epist. 5, 6, 10 ; VII, 5 ; IX, 53, 54, 55, 56, 57, 64, etc. Lettre à Théodelinde, III, 33. Reccared, VII, 127.