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Les Missions de Bavière.

S’il n’était pas réservé aux missions irlandaises d’achever la conversion de la Thuringe, elles trouvèrent chez les Bavarois une terre moins ingrate et mieux préparée. Cette puissante nation s’était établie dans la Rhétie et le Norique, aux mêmes lieux où nous avons vu l’invasion contenue par l’intrépidité de l’anachorète Severin. Libre sous des ducs de l’antique famille des Agilolf, ils avaient reconnu premièrement la souveraineté de Théodoric, roi d’Italie, plus tard celle des Francs austrasiens. Les villes du Danube, dernier asile de la civilisation chrétienne, commençaient à la répandre chez leurs nouveaux maîtres : la foi s’y propageait déjà, mais combattue par l’hérésie, qui avait de vieilles racines dans le pays et un appui dans le voisinage des Goths et des Lombards, lorsque le roi Clotaire II et le clergé d’Austrasie chargèrent deux moines de Luxeuil, Eustasius et Agilus, de prêcher en Bavière. Leur parole ébranla les infidèles, ramena les ariens ; et les deux missionnaires ne quittèrent les bords du Danube qu’en y laissant des chrétientés florissantes, mais de peu de durée. En effet, quand l’évêque

    nulfi, Vita Kiliani, saec. 2. Le biographe de S. Kilian le conduit a Rome pour y solliciter du pape la charge d’évangéliser les Bavarois. M. Rettberg (t. II, p. 305) n’admet pas ce voyage, parce qu’il ne s’accorde pas avec l’hostilité que cet écrivain suppose entre les missionnaires irlandais et l’Eglise romaine. Il nie, par le même motif, le voyage de S. Virgile, et ne s’occupe point de celui de S. Findan. Il oublie aussi le pèlerinage de S. Frigidien, de S. Cataldus et de S. Donatus, qu’on ne peut traiter comme des personnages apocryphes, puisqu’ils comptent parmi les évêques authentiques de trois villes d’Italie.