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sculptures barbares, et, parmi des ossements, des bracelets, des colliers, des fermoirs d’un grossier travail, mais chargés de symboles chrétiens. On y voit des croix, des hommes en prière, et sur une agrafe de baudrier un sujet souvent répète dans les peintures des catacombes : Daniel debout, les mains étendues entre deux lions. Une inscription en caractères latins nomme le guerrier qui porta ce riche ornement : NASULDUS NANSA VIVAT : DEO UTERE FELIX DANIHIL[1].

Les Irlandais en Thuringe.

Le christianisme devait trouver un accès plus difficile chez les Thuringiens, où la civilisation romaine ne lui avait pas frayé les voies, où la vieille religion du Nord était pour ainsi dire sur son terrain, retranchée derrière ses fleuves et ses bois sacrés. Dès le sixième siècle, la dernière héritière des rois de Thuringe, Radegonde, avait abjuré les erreurs de ses pères, et poussé le zèle jusqu’à ce point qu’en se rendant au pays des Francs elle brûla sur sa route un temple d’idoles. Mais la nation resta païenne et, lorsque Dagobert visita la Thuringe en 622, il y trouva toute la barbarie des mœurs antiques. Un noble du pays, nommé Odilon, qui avait dans son manoir un parent malade, ayant dû le quitter précipitamment pour suivre le roi, donna ordre, selon la coutume, de couper

  1. Troyon, Mémoires sur des bracelets et des agrafes antiques trouvées dans le pays de Vaux, dans les Mémoires de la Société des antiquaires de Zurich. 1844, t. II. Hefele, Geschichte. Rettberg, t.II, p.15.