Freyr, dans le temple doré d’Upsal. L’opiniâtreté d’une religion qui avait des racines si profondes n’effraya pas le zèle de Colomban : il renversa la coupe des libations, brisa les idoles et en jeta les débris dans le lac. En même temps, il exhortait le peuple à quitter des dieux impuissants, purifiait l’autel de sainte Aurélie, et, y célébrant les saints mystères, reprenait possession du pays au nom du Christ. La colonie monastique se reposa trois ans à Brigantium, les uns s’employant à la culture des terres, les autres à faire des filets, plusieurs au ministère de la parole. Mais, comme on les accusait auprès du duc des Alemans d’effaroucher le gibier de ses chasses, et deux des moines ayant péri par les mains des voleurs, Colomban rassembla ses frères et leur dit : « Nous avions trouvé une conque d’or ; mais elle était pleine de serpents. » Il secoua donc la poussière de ses souliers, passa les Alpes, et descendit en Italie : c’est là qu’il fonda chez d’autres Germains, chez les Lombards, le monastère de Bobbio, troisième et dernière station de ce pèlerinage, dont il faut étudier les bienfaits.
Les modernes ont admiré la mission de saint Colomban. Ils ont loué les traits pittoresques, les vives couleurs de sa légende, et comme ce parfum sauvage du désert qui s’en exhale. Ils finissent par aimer le caractère impétueux de ce moine, qui les scandalise un peu de la violence de son zèle et de l’âpreté de ses discours. Plusieurs ont vanté sa fidé-