Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/113

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

continent, pénétrèrent jusqu’au fond de l’Espagne et de l’Italie, où plusieurs d’entre eux occupèrent des sièges épiscopaux. Du dixième siècle au onzième, c’est-à-dire précisément quand toute science et toute piété menaçaient de s’éteindre, ces maîtres infatigables ne cessaient de sillonner l’Europe, ouvrant des écoles monastiques, enseignant dans celles qu’ils trouvaient ouvertes ; et, si les auditeurs leur manquaient, se tournant vers le peuple et criant sur les places publiques : « Qui veut acheter la sagesse ? » Mais une sorte de piété filiale les poussait de préférence vers ces Églises des Gaules, d’où ils avaient reçu l’Évangile. Ils y rapportaient la vigueur d’une race dont le sang n’était pas mêlé, et qui ne connaissait pas les mœurs relâchés du Midi. Ils renouvelèrent les rangs du clergé, qui s’employait à la conversion des païens, et, dès ce moment, on y trouva rassemblés des hommes de trois nations d’abord les Gallo-Romains, qui formèrent longtemps comme le noyau du sacerdoce ; ensuite les Francs, qui n’y étaient pas tous attirés par l’ambition et par la simonie ; enfin les Irlandais, qui corrigèrent la mollesse des premiers et l’ignorance des seconds, les rallièrent ensemble et les menèrent en avant. Sous leur conduite, nous verrons la conquête chrétienne s’affermir en Neustrie, passer le Rhin, et s’étendre dans l’Alémannie et la Bavière[1].

  1. Vita S. Livini, Vita S. Fursoei. Monachus Sangallensis, de